La SCIC , 3 ans après
La SCIC « Ma Vigne en Tursan » Solidarité viticole fête trois ans de solidarité viticole
Créée il y a 3 ans, la Société Coopérative d’Intérêt Collectif « Ma Vigne en Tursan » s’est imposée comme l’un des acteurs clés dans la préservation du patrimoine viticole du Tursan. Située dans les Landes, cette initiative mêle économie sociale et solidaire, viticulture et engagement citoyen. Ils sont plus de 200 sociétaires à avoir soufflé les bougies d’une troisième année haute en couleur.
Lancée au cours du mois de février 2022, la SCIC « Ma Vigne en Tursan » a atteint son premier objectif : acquérir 50 hectares de vignes.
« Nous avons lancé la SCIC pour lever des fonds afin de replanter des vignes et de les exploiter collectivement, assure Jean-Michel Viot, son président, ancien vigneron à la retraite. L’idée est de pérenniser l’activité viticole locale et de soutenir une agriculture durable et solidaire. Le but, ce n’est pas que la SCIC
finisse par phagocyter tous les hectares de Tursan. On a la possibilité de planter encore une vingtaine d’hectares dans les 3 ans qui viennent. Le défi maintenant, c’est de trouver des repreneurs. Il faut qu’une partie de ce vignoble soit léguée à des jeunes. Il faut susciter des vocations. Planter un hectare de vigne, ça coûte
25 000€. Il suffirait d’un ou deux repreneurs qui reprennent 15 hectares chacun. Et on pourra continuer de manière équilibrée. Sinon, on va être obligé de se limiter ».
L’acquisition collective de foncier a pu se faire grâce aux 200 porteurs de parts. Parmi eux, Béatrice Chartier. Cette retraitée est sociétaire de la SCIC depuis ses débuts.« J’ai découvert le vin de Tursan par hasard, dans un restaurant des Landes, confie-t-elle. Plus tard, en passant devant la cave de Geaune, j’ai appris que c’était là qu’il était fabriqué. C’est un vin que j’ai tout de suite apprécié. Lorsque j’ai vu une publicité pour l’ouverture du capital, j’ai été séduite par la démarche. Je trouvais que c’était une façon noble de s’engager : pérenniser le vignoble de la région, aider la cave coopérative et permettre à de nouveaux viticulteurs de s’installer. Contrairement aux actions financières classiques, ici, la capitalisation est humaine. Elle donne du sens à mon investissement. »
Une aventure collective, humaine et engagée
Si le projet repose sur l’implication des sociétaires, ces derniers sont aussi des acteurs de la SCIC à part entière. « Nous ne voulions pas seulement lever des fonds, mais aussi intégrer les sociétaires à la vie de la coopérative, poursuit Jean-Michel Viot. Ils participent à des ateliers d’assemblage, aux vendanges, et découvrent les métiers de la viticulture. Cela va bien au-delà d’un simple apport financier. Nous avons créé une véritable communauté autour du vignoble ». Rassembler pour partager une passion commune et un savoir-faire, deux prérogatives qui ont convaincu des particuliers et des entreprises.
« Ce que j’apprécie, c’est l’aspect humain » lance Béatrice Chartier.
Nous faisons partie d’une équipe. On nous implique dans les différentes étapes du processus, ce qui nous permet de mieux comprendre ce métier. On ressent beaucoup de solidarité, de bienveillance et de reconnaissance ». Mais la viticulture est un domaine exigeant, innovant, et qui est tributaire des aléas climatiques. Depuis quatre ans, les vignobles du Tursan récoltent en moyenne 20 % de moins. « Produire du vin, ce n’est pas simplement récolter des raisins et les transformer, conclut Jean-Michel Viot. Chaque année, nous devons composer avec des récoltes différentes. Cela demande une grande expertise, que nos œnologues et techniciens apportent au quotidien. Notre objectif est de maintenir une qualité irréprochable tout en proposant des prix abordables ». Des défis qui n’ont pas empêché la SCIC de lever près de 300 000€ grâce à l’engagement notamment des sociétaires comme Béatrice, qui a même offert une part à ses enfants.
« Ils travaillent comme des chefs cuisiniers, avec des recettes qu’ils perfectionnent chaque année, raconte la retraitée. Leur but est d’obtenir un vin constant, même si les conditions climatiques varient. Cela montre à quel point leur métier est exigeant et passionnant. »
Jordi DEMORY
Les Petites annonces Landaises n°4135 samedi 1er mars 2025